LE MANI

mani bijoux tibétains

Lors de mon périple à Katmandou, au Népal, j’ai été captivé par l’artisanat Népalais et Tibétain, en particulier l’utilisation prédominante de l’os de yak dans la confection de bijoux et surtout d’objets de culte. Mes investigations approfondies m’ont révélé les propriétés exceptionnelles de cette matière première : légère, résistante, malléable, non sujette à l’oxydation, gravable et teinturable facilement, elle capture instantanément la chaleur corporelle et acquiert une beauté envoûtante après polissage.

À mesure que mes recherches avançaient, j’ai plongé dans la symbolique profonde de l’ os en général. Témoin de la vie passée, qu’il provienne d’une créature animale ou humaine, l’os demeure après la mort, portant l’héritage et la mémoire du corps, une éternité tangible.

Les manis portent fréquemment des symboles gravés dans l’os, tels que le ‘’cercle’’ représentant l’œil protecteur de Bouddha, et la ‘’croix’’ pointant vers quatre directions, toutes menant invariablement au Nirvana.

La création d’objets de culte, parures et bijoux en os va bien au-delà de l’esthétique. Chaque pièce devient le porteur d’une mémoire partagée avec celui qui lui offre une seconde vie. Pour moi, l’artisanat a toujours représenté une forme de méditation, une délibération minutieuse où le temps est investi pleinement. Que ce soit en travaillant l’os ou le cuir, le respect envers l’animal fournisseur de matière première et la réflexion sur celui qui portera l’objet sont primordiaux, tout comme la connexion avec l’énergie positive qui imprègne chaque création. En somme, ces réalisations deviennent des passerelles, invitant au dialogue et rendant difficile de créer dans le vide. Un mani est un compagnon de voyage.

Comme c’est souvent le cas avec des objets porteurs de significations profondes, les tendances de la mode peuvent influencer leur utilisation. Certaines personnes les attachent à leur sac ou à leur jean, les utilisent comme moyen de détente, les considèrent comme un porte-bonheur, un talisman, ou même comme un porte-clés… Pourquoi pas ? Après tout, ce sont des objets hétéroclites, polyvalents, et chacun peut leur trouver une utilité personnelle.

Gianin  LORINGETT 19/10/2023